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    Mai 68 (Partie 2/3)

    Sous les pavés, la grève

    Ces combats, relayés par la radio, frappèrent "l’opinion publique", déjà favorable aux étudiants. Il était évident que le gouvernement courait au désastre.

    Ce que constata Pompidou, de retour d’un voyage officiel en Afghanistan. Le 11 mai il annonça que le gouvernement allait céder sur toutes les revendications principales et que la Sorbonne serait réouverte aux étudiants le lundi 13 mai. En laissant aux étudiants leur victoire, Pompidou espérait désamorcer la crise. Il n’en fut rien.

    Le 13 mai entre 600.000 et 1 million de manifestants défilèrent dans une énorme manifestation de solidarité entre syndicats et étudiants. Partout dans le pays, des millions de travailleurs firent grève, suivant les mots d’ordres des centrales syndicales. Le mouvement, d’abord limité aux seuls étudiants, devint un mouvement de classe et un mouvement national.

    Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Les dirigeants syndicaux espéraient utiliser l’élan des étudiants pour renforcer leur campagne contre les ordonnances sur la Sécurité Sociale, mais sans chercher à se servir des moyens politiques d’occupation et de manifestation employés par les jeunes. Loin de là. C’est sous la forme d’une pétition que les syndicats lancèrent leur campagne, le 15 mai !

    Pourtant, à Sud-Aviation (Nantes), où un conflit salarial qui devrait duré plusieurs mois, les travailleurs, encouragés par la victoire étudiante décidèrent d’en découdre. Le 14 mai, ils lancèrent une occupation et enfermèrent le directeur et ses sbires dans leurs bureaux.

    Le lendemain la grève éclatait à Renault Cléon. Le 16 mai, c’était le tour de Renault Billancourt, à l’époque le symbole de la classe ouvrière autant que celui de sa direction stalinienne. Encore une fois, ce furent les jeunes travailleurs qui lancèrent le mouvement, contre la pression des dirigeants syndicaux.

    Très rapidement, la classe ouvrière presque toute entière se mit en grève. Parmi 15 millions de travailleurs, près des deux-tiers firent grève. Plus de 4 millions pendant trois semaines, plus de 2 millions pendant un mois.

    Les revendications étaient diverses : hausses de salaires, contre l’autoritarisme des patrons, pour la défense de la Sécurité Sociale. La grève toucha toutes les couches de la société.

    Puis, Michelin, Peugeot, Citroën, les ports et les mines déclarèrent la grève totale. Les journaux, puis l’ORTF, l’Opéra, l’Odéon, les chauffeurs de taxi et même les laboratoires du Commissariat à l’Energie Atomique de Saclay où des conseils ouvriers furent organisés, se mirent de la partie. De même, certains secteurs paysans soutinrent la grève.

    Les conséquences furent évidentes : absence de transports, pénurie d’essence, soucis de ravitaillement. Comme toute grève générale, celle de mai 68 posait clairement la question : qui dirige ? Le problème était que les staliniens se mettaient à répondre : "les capitalistes !"


    Le PCF au secours de la bourgeoisie

    La grève générale, bien réelle, était entièrement non-officielle. Aucun syndicat n’y avait appelé, aucun n’en revendiquait la paternité. Et pourtant les syndicats, et d’abord la CGT soutenue par le PCF, cherchaient à en tirer profit et à limiter les dégâts.

    D’abord, il fallait immuniser les travailleurs contre l’influence des "groupuscules". L’Humanité stigmatisa les participants de la "nuit des barricades" comme des "provocateurs" ou encore comme "la pègre".

    A partir du 15 mai, des manifestations se rendaient régulièrement de la Sorbonne à Billancourt. La CGT colla des affiches autour de l’usine, mettant en garde les travailleurs contre "des milieux étrangers à la classe ouvrière" qui "servent la bourgeoisie".

    Là où les entreprises étaient occupées, les syndicats cherchèrent systématiquement à affaiblir l’organisation indépendante des travailleurs, en les renvoyant chez eux. Là où existaient des comités de grève (ce qui était loin d’être la règle), ceux-ci étaient largement composés d’anciens dirigeants syndicaux locaux.

    Par la suite, la CGT chercha à tenir le mouvement étudiant à l’écart des manifestations ouvrières. Ainsi, le 24 mai, deux énormes manifestations se déroulèrent à Paris, l’une organisée par l’UNEF, l’autre par la CGT. Dans les villes de province, c’était moins évident, et les deux mouvements se fondaient, des manifestations se multipliaient, menaçant le contrôle des dirigeants syndicaux et montrant la possibilité d’une force solide et unie contre le gouvernement.

    Le même jour, De Gaulle joua sa dernière carte en annonçant pour le mois de juin la tenue d’un référendum sur la "participation", déclarant qu’il démissionnerait si les électeurs votaient "non". Cette proposition fut mal accueillie à droite et à gauche. Mendès-France, dirigeant du PSU, déclara qu’"on ne discute pas un référendum, on le combat". Seul le PCF dît qu’il jouerait le jeu bonapartiste, en appelant au Non.

    Profondément ébranlé par l’inefficacité de la tactique de De Gaulle, Pompidou entama les négociations de Grenelle. Les dirigeants syndicaux se sentaient à l’aise. Ils comprenaient bien le sens de la négociation, et, eux aussi, voulaient qu’elle aboutisse, pour mieux retrouver leur emprise sur les travailleurs et leur rôle d’interlocuteur auprès du gouvernement.

    A partir du 27 mai, la tâche des dirigeants syndicaux fut de vendre l’accord. A Billancourt, Séguy, dirigeant de la CGT, fut hué par les jeunes travailleurs qui rejetèrent la pauvre augmentation de 7% et le retrait de certaines attaques contre la Sécurité Sociale ou l’âge de la retraite, fruits pourris des compromissions des directions syndicales.

    Partout ce fut la même histoire : la reprise ne se faisait pas. Craignant le débordement, le 29 mai, le PCF et la CGT appelèrent une nouvelle fois à manifester. 600.000 personnes descendirent dans la rue, scandant "gouvernement populaire". De Gaulle, effrayé, quitta la France pour Baden-Baden, où il rencontra le Général Massu. A Paris certains ministres commençaient à brûler les archives gouvernementales. La fin du régime était dans l’air.

    Le lendemain, pourtant, c’était le début de la fin pour le mouvement.

    Connaissant bien le crétinisme électoral du PCF, De Gaulle opta pour le piège électoral en dissolvant l’assemblée. En même temps une imposante manifestation gaulliste était organisée aux Champs Elysées pour marquer la volonté de reprise de l’initiative par le pouvoir.

    Le PCF, qui avait déjà montré sa volonté de participer au référendum, sauta sur l’occasion pour "renforcer" sa base parlementaire. Il appuya la reprise pour mieux récolter les fruits électoraux, le 23 juin. Ou du moins, c’est ce qu’il croyait. Selon lui, le "gouvernement populaire" sortirait des urnes. Il utilisa toute sa force - notamment à travers l’action de la CGT - pour convaincre les travailleurs de rentrer et de canaliser leur action dans l’impasse électorale.

    Pourtant la lutte fondamentale pour l’extension et la généralisation des revendications du mouvement, l’appel à la population rurale et aux appelés du contingent, sur la base du contrôle ouvrier, la création d’une assemblée constituante et la lutte pour des conseils ouvriers était entièrement possible. Le refus de remplir cette tâche par la CGT et le PCF fut entièrement politique : ils ne souhaitaient pas la disparition de la République dans le soulèvement des masses.


    Les élections et après

    Déçus mais pas battus, les travailleurs reprirent le travail petit à petit, faute d’une autre issue. Mais pas sans heurts. A Renault-Flins, occupé par les CRS, les étudiants vinrent au secours des travailleurs le 7 juin. Un jeune lycéen maoïste, Gilles Tautin, mourut noyé lors d’une charge des flics. La CGT parisienne dénonça sans vergogne des groupes qui "agissent visiblement au service des pires ennemis de la classe ouvrière".

    Quatre jours plus tard, à Peugeot-Sochaux, les travailleurs se remirent en grève. De dures bagarres éclatèrent avec les CRS : deux ouvriers, Henri Blanchet et Pierre Beylot, furent tués. En protestation, la CGT et l’UNEF organisèrent des manifestations séparées. Celle de l’UNEF, sans doute noyautée par des provocateurs policiers, dégénéra en barricades et bagarres. Ce fut la fin du mouvement.

    Le lendemain, le gouvernement sauta sur l’occasion qu’il avait sans doute lui-même créé pour interdire onze organisations d’extrême gauche, dont l’UJC-ml, la JCR, VO, la FER et le PCI. Des militants - dont Pierre Frank, dirigeant de la Quatrième Internationale - furent arrêtés. La seule organisation qui échappa à l’interdiction fut le groupe "adulte" des lambertistes, l’OCI.

    Aux élections, ce fut la déroute généralisée de la gauche, et notamment du PCF. Les gaullistes obtinrent 55% des voix et reprirent le pouvoir, tandis que le PCF tombait de 73 sièges à 34. Plus frappant encore, dans les circonscriptions situés autour des grandes usines, où on avait pu voir son rôle, le PCF fut clairement rejeté.

    Par exemple, autour de Flins, le PCF perdit 25% des voix entre mars 1967 et juin 1968.

    Pourquoi une telle défaite?


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